Douleur, sédation et delirium : évaluation des patients sous sédation profonde aux soins intensifs
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Abstract
Introduction : Aux soins intensifs (SI), une sédation profonde peut être indiquée pour la gestion de la défaillance aiguë d’organes, mais une fois que le patient est non réactif, les cliniciens ne disposent pas d’outils validés pour évaluer la douleur, la profondeur de sédation et le delirium. La pupillométrie et l’électro-encéphalogramme (EEG) simplifié sont des nouveaux outils de mesures quantifiées prometteurs, mais très peu d’évidence est disponible quant à leur pertinence aux SI. Les objectifs étaient : 1) de valider la dilatation pupillaire comme mesure diagnostique de la douleur (mesures avant-pendant-après un soin (non-) douloureux) ; 2) d’identifier une potentielle relation entre la constriction pupillaire et la survenue de delirium ; 3) d’examiner une potentielle association entre un niveau de sédation très profonde (évalué par l’EEG simplifié) et la survenue de delirium.
Méthode : Ce projet de recherche a inclus trois études observationnelles. Les analyses principales ont été : 1) la différence de la moyenne du pourcentage de la dilatation pupillaire pendant une procédure nocive par rapport à avant ; 2) un modèle de régression logistique multivariable en entrant la constriction pupillaire au jour 3 comme variable d’intérêt, et le score SOFA jour 3, la dose cumulée de fentanyl et la dose cumulée de sédatifs comme co-variables ; 3) une analyse de régression multivariable avec le pourcentage de temps passé avec une sédation excessive comme variable d’intérêt et le fentanyl, le propofol et le midazolam cumulés comme co-variables.
Résultats : Nos résultats suggèrent que les deux outils pourraient fournir des informations cliniques pertinentes. Les principaux constats sont que : 1) la dilatation pupillaire a augmenté pendant les procédures nocives par rapport à la ligne de base avec une différence moyenne de 31,66% ; 2) Après ajustement en fonction de la défaillance des organes (score SOFA) et de la dose cumulée d’analgésie et de sédation, les patients présentant une constriction pupillaire inférieure avaient un risque accru de développer un delirium des soins intensifs (OR 1,057; IC 95% 1,007-1,113) au jour 3 de la ventilation mécanique ; 3) après ajustement de la dose cumulée d’analgésie et de sédation, les patients avec une proportion de temps plus importante avec une sédation excessive entre le jour 1 et le jour 3 de la maladie critique étaient plus à risque de développer un delirium (OR 1,014; IC 95% 1,001-1,027).
Discussion et conclusion : La pupillométrie et l’EEG simplifié sont des outils qui pourraient contribuer à l’amélioration de la gestion de la douleur, de la sédation et du delirium chez une population très à risque.
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